a. Les arguments en faveur du dialogue social sur l'IA
Pourquoi instaurer un dialogue social au sujet de l'IA dans nos organisations ?
Contribution 1
Pourquoi parler d’IA collectivement dans l’entreprise ?
Les 7 bonnes raisons de le faire
On sait que parler d’IA dans l’entreprise ou l’établissement est important tant les impacts sur l’organisation du travail et sur les métiers peuvent être forts. Mais on n’est pas toujours à l’aise pour aborder le sujet sans être catalogués d’emblée de « technophobe » ou de « ultra technophiles ». Il y a une question de légitimité à en parler ou d’inquiétude voire de fantasmes, en notamment en termes de gain de productivité et de suppression d’emplois. On met cela sous le tapis. Ne réveillons pas le monstre ! On verra bien le moment venu…
Qu’on soit représentant du personnel, Direction ou simples collègues, il est pourtant déterminant pour un recours à l’IA profitable à tous, de trouver des éléments de langage pour amorcer un échange. Il est indispensable d’amorcer cette discussion. Osons être pro-actifs !
Voici une sélection de thématiques qui pourraient être mobilisées pour engager la discussion et se convaincre mutuellement de l’importance de parler d’IA collectivement. En parler collectivement peut recouvrir une discussion plus ou moins structurée au sein de l’équipe, au sein d’un groupe de travail, entre les membres du CSE, au sein du comité de direction… Une amorce de dialogue sous différentes formes dès lors que c’est collectif !
1. L’IA est un enjeu d’attractivité de l’employeur
D’après l’enquête ODOXA faite pour SAP et publiée en avril 2024, une forte majorité des plus de 1100 personnes interrogées s’accordent sur le fait qu’une entreprise en pointe sur l’intelligence artificielle séduit les jeunes (77 %), qu’elle est en avance sur ses concurrents (72 %), qu’elle attire les talents (67 %) et qu’elle est plus rentable (61 %).
Au travail, 42 % des salariés évoquent l’IA. Ce sujet a pris de l’importance dans les conversations (+ 9 points en 5 ans), notamment chez les cadres (69%, +21 points).
C’est donc un sujet d’actualité tant en interne au lieu de travail qu’en externe, qui mérite qu’on s’y attarde pour regarder comment on peut en tirer parti au mieux collectivement.
2. Les jeunes générations qui arrivent et arriveront sur le marché du travail
utilisent déjà et de plus en plus l’IA : c’est déjà là !
D’après le sondage réalisé par Diplomeo et publié le 23 avril 2024 auprès de 560 répondants âgés entre 16 et 25 ans, les jeunes de 16 à 25 ans recourent déjà massivement à l’IA. Près de 8 jeunes sur 10 (79 %) ont eu recours à un outil d’IA durant leurs études ou pour choisir leur orientation. Dans cet ensemble, plus de la moitié (55 %) déclare l’utiliser au moins une fois par mois et 25 % chaque semaine. L’usage quotidien concerne déjà plus de 2 personnes sur 10 (21 %) qui utilisent ce type d’outil.
Ces pratiques ont peu de chances de se réduire lorsqu’ils intégreront les entreprises. RH et manageurs doivent d’ores et déjà se préparer à une mutation rapide des modes de recrutement et de management de ces futurs salariés ou agents.
3. L’IA et les usages professionnels des cadres : un cap est franchi !
L’Apec - Association Pour l'Emploi des Cadres a publié en mai 2024 sa dernière enquête interrogeant les cadres sur leur connaissance et leurs usages professionnel des outils d’intelligence artificielle. Force est de constater qu’un cap a été franchi :
- 71 % des cadres estiment que les outils d’IA pourraient leur être utiles et 53 % déclarent vouloir commencer à se former à l’utilisation de ces nouveaux outils. Les entreprises l’ont bien compris : 1 cadre sur 4 est désormais encouragé par son entreprise à avoir recours à l’IA dans son activité professionnelle ;
- Le nombre de cadres ayant déjà testé l’IA au travail a doublé en un an (41 % vs 19 % en 2023) et 34 % de cadres jugent l’IA comme une opportunité pour leur métier ;
- Avec 75 % des cadres qui savent désormais précisément en quoi consistent ces nouveaux outils, la connaissance précise des nouveaux outils d’IA s’est diffusée dans toutes les classes d’âge et toutes les tailles d’entreprise : 81% des cadres de moins de 35 ans, 74 % des cadres de 35 à 54 ans et 70 % des plus de 55 ans font partie des 75 % de cadres à bien identifier ces nouveaux outils ;
Une très large majorité associent les outils de l’#IA à une meilleure performance : 90 % estiment pouvoir gagner en productivité, 82 % améliorer la qualité de leur travail, 79 % l’utilisent pour trouver de nouvelles idées et 62 % pour réaliser des tâches qu’ils n’auraient pas su faire ;
2 cadres sur 10 estiment toutefois que l’IA pourrait être une menace pour son métier, un chiffre néanmoins en baisse par rapport à 2023.
4. Le coût d’investissement est le frein principal à la mise en place
de technologies d’IA : le dialogue contribue à maîtriser le coût
L’enquête de Pôle Emploi de juin 2023 auprès de 3000 établissements de plus de 10 salariés sur « les employeurs face à l’intelligence artificielle », indique que 45 % des répondants (51 % dans l’Industrie) estiment que le coût est le frein principal au déploiement de cette technologie.
L’échange collectif aide à faire du projet de SIA ou d’un recours complémentaire à une IA, une réussite économique face à un investissement financier souvent important et un choix technologique structurant pour des métiers et pour l’organisation de l’activité. Cette réussite est plus assurée si les solutions technologiques sont adaptées à l’entité, à travers un temps d’échange collectif avant les investissements mais aussi dans les usages pour vérifier les réponses aux attentes et maîtriser les coûts investis.
Cet échange collectif permet de mettre tout le monde à niveau sur les objectifs attendus et donc optimiser tout le circuit d’usage pour que cela profite à tous avec un même investissement de base.
5. La technologie d’IA au travail peut faire peur, raison de plus pour en parler
D’après l’enquête ODOXA faite pour SAP et publiée en avril 2024, 44% des salariés répondants craignent que leur métier soit remplacé par une IA ou un robot (+9 points depuis 2017).
Selon les conclusions d’Odoxa, "les salariés français sont conscients que réduire les risques de l’IA sur l’emploi passe nécessairement par une mise à niveau des décideurs et des travailleurs dans ce domaine". Six sur dix jugent ainsi nécessaire que les entreprises "proposent à leurs collaborateurs des formations et des conseils, prodigués par des spécialistes, pour utiliser l’intelligence artificielle dans leur quotidien professionnel".
Selon l’infographie de Pôle Emploi de 2023, une majorité (72%) des établissements utilisateurs de l’IA pense que celle-ci améliore la performance des salariés (79% dans l’industrie). 51% y voient une source de réduction des risques d’erreurs. Cependant, 40 % déclarent avoir réduit leurs coûts de main d’œuvre grâce à l’IA (52% dans le transport et 50% dans l’industrie). A l’inverse, 9% ont vu plutôt ces derniers augmenter.
La technologie a toujours des avantages et des inconvénients et il faut en maîtriser les usages positifs et bien connaître les usages déviants.
Un échange collectif permet d’aborder ce sujet avec l’ensemble des sensibilités. Il va permettre d’aider à rendre visible l’implicite dans les outils mis en place et dans les usages d’IA, de comprendre les pratiques et les usages, de mutualiser les vécus (apports et limites des outils). Il va aider à détecter les facilités et difficultés d’usage pour lutter contre la fracture numérique.
Un tel échange participe à la diffusion de la culture numérique dans l’entreprise et à l’élaboration partagée de lignes de conduite et de garde-fous, voire un abandon si les avantages attendus ne sont pas au rendez-vous avant que cela ne coûte trop cher, ainsi qu’un plan de montée en compétences ou de reconversion.
6. L’IA touche à des sujets qui nous concerne tous
- Protéger de sa vie privée ;Respecter la propriété intellectuelle d’une œuvre et de sa copie ;
- S’interroger sur ce qui est vrai ou pas, ce qui est vraiment humainement créé ou pas ;
- Définir les lignes éthiques dans les usages dans l’entreprise comme au niveau de la société.
7. Il existe différents rapports publics et officiels qui mentionnent l’apport du dialogue collectif sur l’IA au travail
L’Etude du Conseil d’Etat : Intelligence artificielle et action publique : construire la confiance, servir la performance, mars 2022 ; Le rapport du Conseil National du numérique : les transitions numériques au travail, septembre 2023 ; Le rapport de la Commission de l’Intelligence Artificielle, mars 2024 ; Le rapport Villa Numéris : pour une IA à impact positif, avril 2024. Et maintenant que la discussion est prête à être lancée, vous trouverez dans le vade-mecum tous les outils sur les différentes façons de la conduire, au bénéfice de tous.
Contribution 2
Pourquoi parler d’IA collectivement dans l’entreprise ?
Soyons précis et concrets : seul un projet de SIA sur deux développés en entreprise aboutit .
Pourquoi ? Parmi les principaux motifs qui sont ressortis de nos échanges au sein de DIALIA, on peut en mettre en exergue certains :
- une méconnaissance totale des caractéristiques structurantes de tout SIA :
- la part essentielle de l’humain pour qualifier les données qui alimentent l’algorithme au cœur du fonctionnement du SIA
- un processus de déploiement itératif spécifique qui distingue les SIA des déploiements de solutions SI traditionnelles,
- l’employeur cède facilement aux sirènes du « solutionnisme numérique » plutôt que d’interroger l’organisation de son entreprise
- le SIA est trop souvent imposé à marche forcée dans une logique top-down
- la question des besoins réels des acteurs de l’entreprise est rarement posée en amont du processus
- un accompagnement des salariés insuffisant / inadapté en phase de déploiement
- une absence de dialogue social loyal sur le sujet : l’info/consult du CSE au lancement opérationnel du projet ne saurait à elle seule garantir un dialogue social utile et constructif sur le sujet
- une méfiance réelle des parties prenantes internes à l’entreprise : des RH aux professionnels des métiers impactés par l’IA
Ce simple constat devrait convaincre l’employeur de l’intérêt d’organiser la mise en débat collectif de l’IA au sein de l’entreprise, car in fine il s’agit d’éviter que les coûts supplémentaires engendrés par l’échec du projet viennent se substituer aux gains de productivité espérés…
Sur la base de ce constat partagé, il apparait pertinent de centrer ces espaces de débat collectif au sein de l’entreprise sur la question primordiale du rôle clé des professionnels de l’entreprise dans la réussite du projet de SIA : tant pour définir les besoins cibles auxquels devra répondre le SIA en complémentarité avec les « métiers », que pour clarifier le rôle central du facteur humain tout au long du déploiement du projet.
A cette occasion des questions RH de fond émergeront nécessairement :
- Quelle évolution des métiers existants ?
- Quelle émergence de nouveaux métiers ?
- Quel accompagnement RH pour les salariés en reconversion professionnelle ?
- Quelles activités externaliser ou pas ?
Ce sont les réponses apportées collectivement à ces questions qui permettront à chacun des acteurs de l’entreprise de se projeter dans un avenir professionnel acceptable (voire désirable) – au sein ou hors de l’entreprise – et ainsi se positionner en coopération plutôt qu’en opposition (passive ou active) au déploiement du projet de SIA.
Contribution 3 — Le manifeste du projet DIAL-IA
Pour un dialogue social au service des bons usages de l’IA et d’une nouvelle étape de progrès social dans les entreprises et les administrations
Une urgence à agir
La période actuelle est marquée par une montée en puissance sans précédent de l’IA dans le débat public, en lien avec la prise de conscience que toutes les entreprises, toutes les organisations, toutes les activités, de la sphère personnelle comme professionnelle, y compris des activités que l’on pensait jusque-là préservées, sont potentiellement impactées par les systèmes d’intelligence artificielle. L’intelligence artificielle est aussi porteuse de nombreuses craintes au travail, au premier rang desquelles la remise en cause ou la disparition du travail humain et de nombre d’emplois. Les moyens existent pour que se développent dans le monde du travail des systèmes d’intelligence artificiels vertueux dans leurs finalités comme leurs modalités, humainement respectueux des droits de la protection des données, des droits fondamentaux et garantissant que l’humain prend toujours la décision
Des lignes de conduite incontournables
Ces moyens passent par un juste équilibre entre, d’un côté, les actions visant à encourager ces technologies et, de l’autre, celles à même de créer les conditions de leur fiabilité et de leur finalité via la participation de toutes les différentes parties prenantes de la mise en place de ces systèmes. Les porteurs du projet DIALIA sont convaincus du rôle majeur que peut jouer le dialogue au niveau interprofessionnel comme dans les entreprises et les administrations, entre les parties prenantes de l’IA, avec les usagers, pour asseoir et garantir la confiance. Il est urgent d’équiper les acteurs pour les aider à se remettre en capacité de dialoguer et créer les conditions pour réussir ensemble ce nouveau virage de la transformation numérique des entreprises et des organisations. Les voies pour y parvenir existent. Il est urgent de partir d’un état des lieux réel des activités déjà concernées pour en évaluer les transformations.
Une IA dont la création de valeur bénéficie à l’ensemble des acteurs économiques et sociaux et au progrès social et sociétal
La création de valeur, tant économique que sociétale, permise par l’IA est potentiellement de grande ampleur. Pour être pleinement effective, cette création de valeur doit prendre en compte l’impact des changements induits par l’IA sur le travail. Car c’est d’abord au travers de la transformation des activités, des qualifications, des organisations, des manières de travailler que cette valeur se crée dans les organisations. La part conséquente des gains de productivité permise par l’IA doit garantir un partage équitable de ces avantages entre travail et capital.
Pour l’heure, en ce qui concerne le partage de cette valeur créée, ce sont surtout les fournisseurs d’IA et ceux qui collectent et valorisent les données qui en tirent le bénéfice économique. Le risque est également fort de voir cette valeur captée par quelques acteurs dominants. Les moyens des utilisateurs, notamment les TPE/PME, que ce soit au niveau d’un secteur ou d’une filière, pour exploiter et tirer tous les bénéfices de l’IA, sont très inégaux. Il en va de même dans l’administration.
Il est temps de construire le partage de la valeur créée dans les entreprises et organisations qui recourent à l’IA. Il est indispensable de réduire et limiter les asymétries entre les acteurs et les parties prenantes de la transformation permise par l’IA.
L’intelligence artificielle, comme toute autre technologie, ne peut avoir comme seule finalité la rationalisation économique. L’IA ne doit pas être cantonnée à des stratégies visant uniquement à la productivité ou la réduction des coûts. Il faut s’assurer de règles loyales d’affaire. Il faut pouvoir garantir qu’elle pourra contribuer à produire des solutions technologiques au service de l’intérêt général. Il faut permettre l’émergence de produits alternatifs, respectueux des droits de la protection des données, des droits fondamentaux et d’une déontologie garantissant que l’humain prend toujours la décision in fine.
Une IA qui est au service des organisations du travail
Une mise en œuvre vertueuse de l’intelligence artificielle ne peut pas se faire sans les travailleurs.
Les SIA (Systèmes d’Intelligence Artificielle) sont développés à partir du travail prescrit, des représentations du travail qui ne prennent pas en compte les nuances, les subtilités, la complexité qui font l’intérêt du travail réel et lui donnent du sens. Réduire le travail réel en données exploitables par des SIA les rendent en quelque sorte aveugles. Le risque est fort que ces SIA deviennent alors des contraintes supplémentaires pour les travailleurs pouvant contribuer à la perte de sens, voire conduire à l’obsolescence humaine.
Le solutionnisme et le déterminisme technologique conduisent à penser l’IA du point de vue de l’adaptation des organisations à la technologie. Les impacts organisationnels de l’IA, sur les conditions de travail, sont trop souvent sous-estimés, quand ils ne sont pas ignorés. L’organisation du travail est pourtant un facteur stratégique de performance économique et sociale. L’IA donne des possibilités de recentrer l’activité humaine sur des taches valorisantes en réduisant les tâches répétitives et doit constituer un levier important de valorisation de la contribution humaine au travail.
C’est de l’organisation qu’il faut partir pour s’interroger sur les conditions que l’outil doit remplir plutôt que l’inverse : quid des effets directs et indirects, à court et long termes ?
Des potentialités sous-estimées de dialogue à mobiliser dans les entreprises et les administrations
Force est de constater que la place accordée aujourd’hui au dialogue social est faible.
C’est le cas dans la régulation législative européenne en cours de construction : le dialogue social est quasi absent du règlement sur l’IA, qui renvoie à un prochain acte législatif sur le management algorithmique. Aucune incitation à la déclinaison par accord collectif de la protection des données personnelles dans le cadre du travail n’existe, alors même que l’article 88 du RGPD le prévoit explicitement, au même niveau qu’une intervention législative.
Au niveau français, le dialogue social est quasi inexistant avec les pouvoirs publics comme en entreprise et dans l’administration.
Des outils juridiques de dialogue social existent pourtant, qui pourraient faire de l’IA un objet de dialogue social, tout particulièrement dans le cadre des moments de l’information consultation des représentants du personnel. Malheureusement ils ne sont pas mobilisés, par manque d’un socle commun de compréhension et de motivation des directions et des représentants du personnel, mais aussi, trop souvent, par manque de maîtrise des technologies qui vont être mises en place par ceux en responsabilité de les introduire, que ce soit dans le privé ou le public. Il faudra veiller que les organismes de contrôle aient les moyens adéquates à la hauteur de ces enjeux.
La stratégie IA est rarement explicitement abordée dans les orientations stratégiques. Ses impacts sont peu évoqués dans la gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences. Le seul moment où peut, potentiellement se dérouler une discussion précise sur le sujet de l’IA est celui de l’introduction des SIA au travers de l’information consultation des représentants du personnel. Les représentants du personnel sont trop rarement associés aux réflexions structurelles que peut engendrer le recours à de tels outils.
Pour asseoir la fiabilité, assurer la transparence et l’acceptabilité des SIA, accompagner l’arrivée de l’IA dans les entreprises et administrations, le dialogue social a un rôle crucial à jouer. Le dialogue social est primordial pour que se déploient que des usages profitables de l’IA, créateurs de valeur, intégrés dans les contextes de travail, préservant le sens du travail, la santé des travailleurs, respectant les droits et libertés fondamentales. Comme le souligne l’OCDE, le dialogue social est un levier pour favoriser une transition vers l’IA bénéfique à l’ensemble des acteurs économiques et sociaux.
Initier un dialogue dans le contexte de recours à un SIA sera pertinent aux conditions suivantes :
agir sur la prise de conscience qu’il est nécessaire de comprendre et appréhender les impacts des SIA et des algorithmes sur les compétences, l’emploi, l’organisation, à tous les niveaux : salariés, dont les manageurs, direction, entrepreneurs, usagers, citoyens, etc.
oser le dialogue et l’adapter aux spécificités de l’IA. Il faut prendre en compte la temporalité propre des SIA, leur « cycle de vie », sortir d’une approche « statique » du dialogue social, lui donner la possibilité d’agir avant, pendant, et après l’introduction de l’IA dans l’entreprise. Il faut se donner la possibilité de « retour en arrière », en entreprise, dans une organisation, dans le secteur public.
L’accord-cadre des partenaires sociaux européens signé en juin 2020 sur la numérisation ouvre la voie pour de telles perspectives. Il promeut un processus de co-construction itératif, dans une logique d’anticipation et d’apprentissage collectif. L’accord vise à stimuler un dialogue social effectif autour de la transformation numérique des organisations. Il définit pour ce faire, à la manière d’une boite à outils, une méthodologie de dialogue déclinable à différents niveaux.
Le défi est de parvenir à une véritable appropriation collective de ces enjeux, ce qui nécessitera des moyens spécifiques au dialogue social.C’est tout l’objet du projet DIALIA qui vise à élaborer un référentiel partagé de déclinaison de cet accord cadre qui pourraient notamment proposerune boîte à outil à destination des représentants du personnel.
Un dialogue entre parties prenantes économiques est à impulser
L’utilisation des données, la transparence des algorithmes et plus globalement de l’IA, impliquent une multiplicité de parties prenantes : fournisseurs, prestataires, clients, usagers, entreprises, plateformes, etc. Aujourd’hui on constate que le dialogue entre ces parties prenantes est réduit à une relation strictement commerciale ou de condition de délivrance du service malgré les conséquences financières, organisationnelles et d’accès aux droits que l’outil peut engendrer.
Un nouveau type de dialogue, organisé entre parties-prenantes, peut contribuer à rééquilibrer les forces, que ce soit au sein de l’entreprise, l’administration, entre l’entreprise ou une administration et un éditeur, au sein d’une filière économique, entre par exemple les petites et les grandes entreprises, donneurs d’ordres et sous-traitants.
Il est important que la dimension travail soit systématiquement prise en compte dans les réflexions stratégiques sur l’IA et que des représentants des travailleurs soient présents dans ce dialogue des parties prenantes.
Les porteurs du projet DIALIA sont convaincus qu’un dialogue entre l’ensemble des parties concernées permet de mieux prendre conscience des enjeux de l’IA et d’y apporter des réponses dont le bénéfice est partagé par tous.